La Mule

EASTWOOD C.

⭐️⭐️⭐️☆☆

La force du film réside dans l'intrigue bien écrite et menée par ce personnage vieillissant, incarnation de l'Amérique qui s'est faite elle même, dont la rencontre improbable avec le milieu de la drogue se fait comme une lettre à la poste.

Derrière ses airs de vieux professeur et son regard candide sur sa nouvelle activité de mule, le personnage de Clint Eastwood nous questionne sur le caractère testamentaire de son scénario car la route à l'air tout aussi difficile à terminer pour l'homme.

Ce road trip répétitif digne du jour de la marmotte dans Un jour sans fin se regarde avec plaisir de même que ses clins d'oeil d'homme sage un peu poussiéreux dont les tentatives d'humour, pas toujours très réussies, à l'encontre de la nouvelle génération et de sa dépendance aux nouvelles technologies sont reçues avec tendresse.

Malheureusement le scénario prend cette fois un vrai coup de vieux par son côté gluant de valeurs américaines, certes habituel dans le cinéma de Clint Eastwood mais d'une autre tonalité ici du fait se sa proximité avec son personnage. Son image de la famille américaine menée par son patriarche, seule représentation masculine de cette cellule, qui se regarde et se grandit dans son regret de ne pas avoir assumer son rôle "d'homme", jusqu'à l'ultime sacrifice nécessaire à la rédemption. Un regard certes un peu sévère mais le thème est tellement peu subtil et daté qu'on peut y voire une faute de goût.

On pourra dire que du haut de ses 88 ans il est remarquable de tenir la longueur avec de vrais films, mais on s'attriste de confirmer que ce qui pouvait nous émouvoir dans La Route de Madison ou HonkyTonk Man n'a pas su être réincarné dans ces derniers longs métrages.